La blonde éruptive by Brown Carter

La blonde éruptive by Brown Carter

Auteur:Brown, Carter [Brown, Carter]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Gallimard
Publié: 1968-06-11T23:00:00+00:00


CHAPITRE VII

La rue que je cherche est située derrière Westwood Village ; les maisons y sont alignées, toutes semblables les unes aux autres avec leurs façades de dix-huit mètres. Au volant de ma voiture, je roule doucement pour pouvoir lire les numéros, et j’ai l’impression d’apercevoir de la lumière à l’arrière de la maison de Mierson ; mais je ne pourrais en jurer. Environ cinquante mètres plus loin, je fais demi-tour, reviens sur mes pas, et me gare de l’autre côté de la rue. D’après ma montre, il est minuit cinq, et il me suffit de jeter un coup d’œil sur les façades plongées dans l’obscurité, pour me rendre compte que la majorité des gens qui habitent le coin sont en train de dormir.

J’appuie lentement sur la sonnette et, peut-être dix secondes plus tard, la lampe de l’entrée s’allume. Cinq secondes après, la porte s’entrouvre de quelques centimètres.

— Qui est là ? s’enquiert avec mauvaise humeur une voix masculine.

Je recule d’un pas et m’élance contre la porte, l’épaule en avant. Celle-ci s’ouvre à la volée, et je fais quelques pas vacillants dans l’entrée avant de récupérer mon équilibre. Je me trouve face à face avec un gros type vêtu d’une robe de chambre, les fesses posées par terre.

— Que le diable vous emporte ! (Il en est rouge de fureur.) Qu’est-ce que ça signifie, ce cirque ?

Il se remet péniblement sur pieds et s’attarde à tâcher de retrouver son souffle.

— Je suis un ami de Raphael Emmanuel, lui dis-je. On s’est vus dans votre bureau cet après-midi, mais vous avez drôlement changé entretemps !

— Holman ?

Il semble perdre un peu ses couleurs.

— Trouvons un endroit pour parler, lui fais-je d’un ton polaire.

— Bien sûr. (Il essaie de sourire, mais sans grand résultat.) Entrons.

Il me précède dans un salon mal éclairé, surchargé de meubles en bois sombre, et j’attends qu’il se soit installé sur un divan. Il est âgé d’environ cinquante ans, peut-être plus, et se déplume rapidement ; les mèches de cheveux noirs et raides qui lui restent sont soigneusement peignées, de façon à recouvrir à peu près tout le sommet de son crâne. Ses yeux, profondément enfouis dans leurs orbites, sont légèrement injectés de sang, et son nez bulbeux est parcouru de nombreuses veines. Son énorme panse déborde sur ses cuisses et, à mon avis, il a l’air à peu près mûr pour les pompes funèbres.

— La prochaine fois que vous embaucherez un acteur, débrouillez-vous pour trouver mieux qu’un cabot, lui dis-je.

— Me parlez pas de cette pauvre andouille ! (Il s’étreint les mains, en signe de désespoir, puis les glisse entre ses genoux.) Et en plus, je lui ai versé cent tickets parce que j’étais persuadé qu’il s’en sortirait mieux que moi. (Sa voix se mue en une sorte de gémissement.) Écoutez, Holman, je me suis contenté de faire ce qu’on me disait. Je ne sais même pas de quoi il est question, nom de Dieu !

— Qui a donné les ordres ?

— Ben, Emmanuel, évidemment !

Je me penche en avant et le gifle violemment, à main ouverte.



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